Fin mai, j’ai eu le plaisir d’assister à la sortie du livre B.A-BA du Numérique Responsable, par Rémy Marrone, Aiste Rugeviciute et Olivier Vergeynst. Après plusieurs plongées dans le livre, je vous partage mes premiers retours.

Lors de son lancement, les auteurs et l’autrice ont pu présenter leur vision du livre. Chacun ajoute sa vision à l’édifice, mais un lexique s’inscrit assez rapidement : « pratico-pratique », « orienté très pratique », « pragmatique »… Le livre a une orientation claire : il « apporte les bonnes pratiques pragmatiques, applicables au sein des entreprises de toutes tailles, avec un focus particulier sur les TPE/PME. »

Mais surtout, selon moi, il tire sa singularité par une vision internationale tri-parties (française, lituanienne, belge), teintée par les différents parcours des auteurs et de l’autrice. Écrire à 6 mains, c’est déjà débattre sur le livre avant sa sortie et pendant son écriture : « 3 nationalités différentes qui amènent 3 visions différentes. » Permettant de sortir le sujet des frontières françaises.

Réflexions globales et structure

Le livre débute en pointant les incertitudes qui planent sur la place du numérique, la mesure de ses impacts, les démarches à suivre. On part d’une boule de laine qu’on va dénouer au fur et à mesure de l’ouvrage — en prenant le temps. En prenant une année, plus exactement. Il se structure en 52 fiches pour 52 semaines, introduisant la notion de responsabilité numérique des entreprises (RNE). Mon premier ressenti est d’avoir un livre humble, exposant ses inconnus, ses limites et voulant bien faire. J’ai apprécié la sincérité exposée dès l’introduction : « Ce livre ne se veut pas à la pointe de toutes les recherches du NR ; nous ne prétendons pas tout connaître d’un sujet complexe, transverse […] »

Nous sommes prévenus : ce n’est pas un livre à lire d’une traite. La diversité de thématiques abordées pourrait donner le vertige. Ce volume, on y revient, on s’y réfère. Les auteurs ne nous incitent pas à entrer dans une démarche NR de but-en-blanc, mais à prendre le temps de comprendre et poser les bases. Dans nos mondes où la rapidité prime et les deadlines projet se raccourcissent, c’est un contre-pied plaisant. De quoi avoir un sac-à-dos de connaissances bien rempli avant de s’attaquer à convaincre en interne et bousculer les habitudes. Et ce sac-à-dos là est chargé de nombreuses notions, et nous devons prendre le temps de les digérer. « Il se peut que vous parcouriez cette partie d’une traite mais nous vous suggérons de prendre votre temps et de réfléchir pleinement aux grandes questions qui y sont abordées. » Pour quelqu’un découvrant le numérique responsable, on se retrouve avec une sacrée quantité de notions introduites et synthétisées, qui seront essentielles pour la suite – mais qui méritent d’être relues pour s’en imprégner.

La plongée dans les fiches

En plongeant dans les premières fiches, on s’attèle largement à l’explication, l’introduction et la contextualisation du numérique responsable. Mais je pense que c’est foncièrement ce que souhaite le trio d’auteurs. Et c’est surtout par là qu’on doit commencer. Requestionner le modèle économique lui-même, car c’est souvent d’ici que partent les contraintes et les orientations de tout organisme. On sent aussi la volonté d’évoquer ce qui gravite autour, et pas simplement du numérique responsable. Égalité salariale, structuration, cadre de travail…

Le développement de chaque thématique sort de la vision exclusivement techno-critique. Pour chaque fiche, tout n’est pas tout blanc ou tout noir. On peut y voir ses bénéfices et ses limites. On comprend donc assez vite pourquoi chaque fiche est assimilée à une semaine. On y aborde une pluralité de notions. On va aller détailler les avantages et inconvénients des alternatives de gestion de poste de travail (Bring Your Own Device, Corporate Owned Personally Enabled, Choose Your Own Device), définir les dark patterns et l’uberisation, évoquer les biais algorithmiques et la dépendance géopolitique, tout en renvoyant la balle aux acteurs du NR (associations, labels…). Contrairement à ce que l’on peut penser avant de plonger dans le livre, les fiches se rapprochent davantage des thématiques de réflexions englobant des sous-réflexions, des enjeux, diverses pistes de réflexions, des indicateurs, un pilote, etc. plutôt qu’à des « fiches actions » purement directives.

En résumé

Contrairement à mes premières pensées avant ma lecture, on s’éloigne des référentiels de bonnes pratiques, et ce n’est pas plus mal. Le livre ne nous dit pas quoi faire de but en blanc, mais nous donne les clefs de réflexions et d’enclenchement.

Le B.A-BA du Numérique Responsable est un ouvrage mêlant réflexions macro et actions pragmatiques — et ce n’est pas une mince affaire. Autrement dit une base solide qui apporte les connaissances requises pour s’emparer du sujet. La pluralité des auteurs est une vraie force car on voit que chacun a pu apporter des apports complets et concrets. Le livre est plus dense qu’il n’y parait, et on ressent le dilemme entre exhaustivité et fonctionnalité. Mais le travail de synthèse mené saura porter ses fruits dans la lecture de chacun. Un bon support pour enclencher une démarche NR !

A propos de l'auteur

Alizée Colin

Fondatrice & rédactrice

UX/UI designeuse, j’aspire à recentrer le web et ses outils dans un objectif de bien commun, tant bien environnemental que social. Nous sommes dans une ère où nous nous devons de réinventer notre manière de concevoir et de communiquer. Le numérique responsable en fait partie. Changeons les choses.

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