Plus qu’un phénomène grandissant, les cryptomonnaies attirent la curiosité, allant des simples novices aux investisseurs les plus aguerris. Essayons de décrypter les différents impacts des cryptomonnaies à travers leur cycle de vie.

Pour rappel, les cryptomonnaies sont des monnaies reposant sur la technologie blockchain, permettant le transit et le stockage de données de manière décentralisée. J’avais déjà évoqué il y a plusieurs mois les impacts sociaux et sociétaux de la blockchain. Aujourd’hui, attardons-nous sur les impacts environnementaux liés à cette technologie et aux cryptomonnaies.

L’impact environnemental des cryptomonnaies sur l’environnement sont à différents niveaux. Ils sont liés, d’une part, aux appareils électroniques utilisés et, de l’autre, au réseau.

Pour falsifier un pouvoir d’achat toujours plus grand pour les consommateurs, certains fabricants ou géants du numérique, n’hésitent pas à casser les prix côté conception. Allons à la rencontre de celles et ceux abusés par les rouages du numérique que nous connaissons.

Les impacts liés aux terminaux (appareils électroniques)

Multiplication et surconsommation de terminaux

La blockchain, et les cryptomonnaies reposant sur elle, nécessitent de nombreux terminaux. Pour créer et échanger un bitcoin par exemple, des calculs complexes doivent être réalisés sur une multitude d’appareils. Cette technique (le minage) permet une transparence et une sécurité au réseau. Cependant, cette puissance de calcul décentralisée requiert un grand nombre d’appareils. Étant donné que chacun peut miner du bitcoin (ou toute autre cryptomonnaie), nous faisons face à une surconsommation de ceux-ci.

C’est le cas d’ordinateurs mais aussi plus précisément des cartes graphiques puissantes. En effet, celles destinées aux jeux vidéo détiennent une puissance de calcul désirée par les mineurs. On assiste alors à une pénurie et une augmentation des prix de ces cartes.

Cycle de vie plus court

Pour que le réseau fonctionne en permanence, ces appareils fonctionnent 24h/24, à pleine puissance. Non destinés à de telles activités, les processeurs et cartes graphiques s’usent alors rapidement. La surconsommation de matériels est aussi due à leur cycle de vie raccourci. 

La multiplication d’appareils induite par le minage amène dans son sillage des impacts liés à la fabrication et à la fin de vie de ceux-ci. La fabrication de nos appareils électroniques reste le plus gros impact environnemental lié au numérique. L’épuisement des stocks de ressources abiotiques (ressources naturelles non renouvelables) s’accélère.

Quant à leur recyclage, celui-ci reste très peu performant. La plupart du temps nos appareils finissent dans des exportations illégales vers des pays pauvres, où la population va tenter d’extraire les métaux rares. À cette phase, la pollution des sols explose les compteurs.

Les impacts liés à l’usage (transactions)

Des calculs gourmands

Comme déjà évoqué, pour la création et la transaction de cryptomonnaies, des calculs complexes sont nécessaires. Au-delà d’avoir un impact sur les nœuds du réseau (les terminaux), ce fonctionnement est très gourmand en énergie. À mesure que le cours (la valeur) d’une cryptomonnaie augmente, les calculs se complexifient. D’après une recherche de la startup 21 Inc., le bitcoin mobiliserait une puissance de calcul 100 supérieur aux serveurs Google. Ce serait la plus grande puissance de calcul au monde.

Une consommation en électricité gigantesque

Aussi, rappelons-le, ces calculs sont effectués sur une multitude d’appareils. Cette méthode décentralisée est coûteuse. Le Cambridge Bitcoin Electricity Consumption Index (CBECI) révèle la quantité d’électricité que consomme le bitcoin :

En 2019, le bitcoin consommait presque autant d’électricité en une année que les Emirats Arabes Unis (116.12 TéraWatt/heure contre 119.45 TWh). Cette consommation annuelle est aussi 10x supérieure à ce que consomme Google (20 TWh). La consommation d’électricité du bitcoin pourrait atteindre bientôt 0,6% de la production électrique mondiale, selon cette même étude, soit un peu plus que la Norvège. 

L’impact environnemental des cryptomonnaies, lié à cette grande consommation d’électricité diffère selon l’énergie primaire utilisée pour la produire. Nucléaire, éolien, charbon… Les impacts peuvent être multiples : émission de GES, dégradation des sols et des écosystèmes, grande consommation d’eau, etc… Malheureusement, 70% des mineurs de bitcoins se situent en Chine. Là-bas, l’électricité est en majorité produite à partir du charbon (très polluant) et sans normes environnementales strictes.

Quelques cryptomonnaies qui s’engagent plus

Si l’investissement dans une cryptomonnaie reste quelque chose qui vous intéresse, certaines cryptomonnaies sont plus responsables que d’autres. Aucune n’est parfaite pour le moment et des progrès restent à faire. Cependant, des initiatives ouvrent la voie pour réduire les impacts des cryptomonnaies sur l’environnement. En voici quelques-unes.

Chia

Une cryptomonnaie fait parler d’elle en ce moment : Chia. Née en 2017, elle fonctionne comme toutes les autres à un détail près. Pour valider les transactions de la monnaie, elle ne se base pas sur la preuve de travail (proof of work) mais sur la preuve d’espace et de temps. En clair, les calculs permettent de prouver que l’utilisateur a un espace de stockage vide sur son appareil. Cette méthode est moins gourmande en énergie et limite ainsi les impacts liés à une grande consommation d’électricité.

Cependant, cette méthode n’enlève pas les impacts liés aux appareils, où l’on retrouve une surconsommation.

Peercoin

Dans la même mouvance que Chia, et plus ancienne qu’elle, Peercoin ne se repose pas sur la méthode de “proof of work”. Lui utilise la méthode “proof of stake” (preuve d’intérêt). Cette méthode permet une meilleure répartition de la validation par les utilisateurs. Aussi, le protocole de Peercoin ne fait pas intervenir des calculs à résoudre.

Cette méthode permet aussi de réduire l’infrastructure nécessaire aux utilisateurs qui valident les transactions. Sans calculs complexes et étant plus décentralisé, le protocole nécessite beaucoup moins d’énergie et de puissance pour sa réalisation.

L'impact environnemental des cryptomonnaies, en résumé

En résumé, les cryptomonnaies ont toutes, plus ou moins, un gros impact environnemental. Cet impact est notamment dû à la surconsommation et à la diminution de la durée de vie des matériels informatiques. Mais aussi, une part de cet impact provient de l’énergie nécessaire à leur fonctionnement. Pour diminuer cet impact, nous pouvons choisir d’investir dans des cryptomonnaies plus responsables, mais aucune alternative durable n’est au point. Au mieux, il s’agit alors de diminuer ses usages liés aux cryptomonnaies.

A propos de l'auteur

Alizée Colin

Fondatrice & rédactrice

UX/UI designeuse, j’aspire à recentrer le web et ses outils dans un objectif de bien commun, tant bien environnemental que social. Nous sommes dans une ère où nous nous devons de réinventer notre manière de concevoir et de communiquer. Le numérique responsable en fait partie. Changeons les choses.

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