Les émissions de gaz à effet de serre générées par le numérique sont en majorité dues aux équipements électroniques que nous possédons. Avec une moyenne de 11 à 15 appareils électroniques par français, la croissance exponentielle des objets connectés inquiète. Plongeons-nous dans la pollution de ces high-tech quotidiennes.

Le poids des objets connectés dans la pollution numérique

Comme tout appareil électronique, les objets connectés polluent nos sols et notre atmosphère. Un impact environnemental à la fabrication dévastateur, une durée de vie trop courte et une fin de vie radicale: c’est un cycle triste pour nos objets connectés, dont nous sommes les premiers perdants. En 2018, on en dénombrait pas loin de 15 milliards. Selon l’ADEME, leur nombre pourrait tripler en 2030 s’élevant à plus de 45 milliards. Avec cette croissance exponentielle, les objets connectés pourront être la deuxième principale cause de la pollution numérique.

Les objets connectés gagnent du terrain dans notre quotidien et s’infiltrent dans toutes les situations. Chez soi, en déplacement ou au travail, ces objets qui nous “facilitent la vie” ont un coût pour notre planète. Creusons pour comprendre d’où vient cet impact.

La pollution des objets connectés à la fabrication

Qui dit objet connecté dit composants électroniques, métaux précieux, substances toxiques et plastique : un cocktail meurtrier pour les humains et la planète. Ces matières premières sont polluantes car elles demandent énormément d’énergie à leur extraction. Selon l’ADEME (Agence de la transition écologique), pour extraire quelques grammes de minerais il faut excaver 200 kg de matière. L’extraction nécessite aussi une grande quantité d’eau et pollue au travers des gaz à effet de serre rejetés par les machines.

Avant même de connaître son premier utilisateur, un objet connecté aura émis 73% des gaz à effet de serre de son cycle de vie. Avec le renouvellement toujours plus rapide de nos appareils, ceux-ci ont un cycle de vie de plus en plus court et contribuent fortement à la pollution numérique. Au vu de la multiplication de ces appareils tout autour du monde, le bilan carbone est lourd.

Connexion en continu

Lorsque l’on passe à son utilisation, un objet connecté devient vite énergivore. Comme énoncé, l’appareil est connecté,  généralement en continu, avec d’autres appareils. Cette connexion sans fil consomme de l’énergie. Prenons l’exemple d’une montre connectée. Celle-ci doit être en connexion constante pour potentiellement récupérer nos informations d’activité physique, de mail, de rendez-vous, etc, contenues sur d’autres appareils.
Avant, seuls les humains communiquaient à travers des terminaux ; désormais, les terminaux communiquent entre eux.
Laurence Allard
maître de conférences à l’université Lille 3

Ces nouvelles connexions créées nécessitent au moins deux appareils liés par Wifi ou Bluetooth. A raison de plusieurs objets par personne, l’addition pèse sur la planète.

Captation de données quasi-permanente

Selon l’ADEME, les objets connectés partagent des informations avec un ordinateur, une tablette ou un smartphone et peuvent réagir selon l’environnement de leur porteur. Cela indue une grande quantité de données créées par l’utilisateur quotidiennement et un stockage de celles-ci. Nous arrivons donc à une autre cause de pollution par les objets connectés.

D’après le guide “la face cachée du numérique” édité par l’ADEME, le trafic de données ne cesse d’augmenter (+25% par an) et est responsable de 55% de la consommation annuelle du numérique. Des données captées en continu, multipliées par chaque utilisateur, demandent d’être stockées. Objets connectés dit aussi utilisation possible et de plus en plus répandue du cloud : “ensemble des réseaux, serveurs, unités de stockage… auquel les usagers se connectent via une liaison Internet sécurisée. Il permet le stockage de données (hébergement de photos, sauvegarde en ligne de fichiers divers) et l’usage d’applications, de services, de logiciels (streaming vidéo, suites bureautiques connectées).

Pour que ces données soient accessibles constamment sur plusieurs appareils, elles sont stockées simultanément sur plusieurs serveurs. Les serveurs demandent beaucoup d’énergie pour les faire fonctionner et les refroidir, une pollution supplémentaire générée.

Réduire leur nombre

Et oui cela parait évident et simple : pour réduire l’impact global de ces appareils, diminuons leur nombre autour du globe. Comment ? Selon GreenIT.fr, une des solutions revient à les mutualiser. Ils prennent l’exemple d’un immeuble où l’agrégation des modems DSL / fibre et les boitiers TV associés via un seul dispositif centralisé permettrait de réduire considérablement l’impact du réseau.

La deuxième solution évoquée par le collectif serait d’ouvrir les APIs. Ces interfaces de programmation “servent notamment à échanger des données entre l’objet connecté et les serveurs du fabricant ou de ses partenaires.” Aujourd’hui fermées, les ouvrir assurerait une utilisation plus durable : “on garantit que l’objet peut être utilisé même si le fournisseur de données / contenu disparaît : il suffit de changer de chaîne !” Ainsi, des objets contraints d’être jetés aujourd’hui pourraient, au final, voir leur durée de vie allongée.

Réduire leur impact durant l’utilisation

Pour limiter la place sur les serveurs et réduire l’énergie nécessaire à leur fonctionnement, il est possible de désactiver la synchronisation automatique des données sur smartphone, tablette ou ordinateur. Les mise à jour des données étant fréquentes, vous limiterez la consommation d’énergie.

Optimiser leur fin de vie

Allonger la durée de vie de nos objets connectés (comme tout autre appareil) et optimiser leur fin de vie est un levier sur lequel nous pouvons agir à notre échelle. Si nous prenons soin de nos appareils, ceux-ci peuvent durer plus longtemps. Lorsqu’un problème survient, privilégiez la réparation au remplacement. Il est possible de réparer son appareil soi-même via un Repair Café ou des tutos, par exemple. Sinon, il est possible de l’envoyer au fabricant ou vendeur pour réparation. Plus le cycle de vie d’un objet connecté s’allonge, plus son impact environnemental sera réduit. 

Enfin, si l’objet n’est pas réparable, celui-ci peut quand même avoir une seconde vie car ses composantes sont en partie recyclables. Il est possible de le renvoyer chez le fabricant, qui va recycler et réutiliser ses pièces, il est même possible qu’il vous le rachète (selon conditions). Sinon, recyclez-le en allant le déposer dans des points de collecte Eco-systemes, trouvables dans des magasins d’informatique ou en déchetterie.

A propos de l'auteur

Alizée Colin

Fondatrice & rédactrice

UX/UI designeuse, j’aspire à recentrer le web et ses outils dans un objectif de bien commun, tant bien environnemental que social. Nous sommes dans une ère où nous nous devons de réinventer notre manière de concevoir et de communiquer. Le numérique responsable en fait partie. Changeons les choses.

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