Aujourd’hui, la moitié de l’impact environnemental du numérique est dû à nos équipements. Avec un cycle de vie de plus en plus court, nos appareils sont délaissés plus tôt. Le trafic de déchets électroniques étant grand, il est important de comprendre comment s’en séparer pour un meilleur recyclage des appareils électroniques.
L’impact environnemental de nos appareils en fin de vie
Quelques chiffres clé
Aujourd’hui, c’est pas moins de 54 millions de tonnes de DEEE (Déchets d’Équipements Électriques et Électroniques) que nous accumulons chaque année. Par comparaison, c’est l’équivalent d’environ 150 Empire State Building. Si nous reportons cela à chacun, notre empreinte serait d’environ 7,3kg de déchets par personne. Cette accumulation est en constante augmentation, et c’est ce qui inquiète.
80% de l’impact environnemental d’un appareil est dû à sa phase de fabrication (et non d’utilisation) nécessitant l’extraction de matériaux lourds et rares qui pollue. La fin de vie est alors l’étape du cycle de vie des appareils où nous pouvons changer les choses. Le recyclage des composantes permettrait de réduire l’impact environnemental des matières premières et de la fabrication de l’appareil. Pour le moment, le sort de plus de 82% des DEEE est incertain. En effet, dans le monde, seul 17% des déchets électroniques sont recyclés. Nous avons donc encore du chemin à faire dans leur traitement.
Quels dangers face à la fin de vie de nos appareils électroniques ?
Comme évoquée précédemment, la phase de fabrication d’un appareil pèse lourd dans son impact environnemental. À titre d’exemple, pour la fabrication d’un ordinateur de 2kg, ce sont pas moins de 103kg de CO2 qui sont rejetés. L’extraction de métaux lourds et de métaux rares demande l’extraction de plusieurs tonnes de minerais pour les trouver. Cette phase est très consommatrice en énergie et en eau. De plus, nous pouvons y ajouter des substances toxiques, comme le mercure ou les retardateurs de flamme, aussi présentes dans nos appareils électroniques.
Le faible traitement ainsi que les traitements polluants de ces déchets ont un impact sérieux sur la planète et la santé des populations. Selon E Waste Monitor, ce serait au total pas moins de 50 tonnes de Mercure et 71 kilos tonnes de plastiques qui transitent chaque année dans les flux de déchets électroniques non documentés au niveau mondial.
Un trafic qui a un impact
La question est donc : où vont nos déchets électroniques ? Et comment finissent-ils ? Certaines législations tentent d’encadrer leur traitement (nous les aborderons après). Cependant, pour le moment, la plupart de nos déchets finissent dans des décharges à ciel ouvert dans différents pays africains ou asiatiques. Ils sont envoyés de manière illégale depuis les pays européens et les Etats-Unis, par des trafiquants voulant se faire de l’argent avec la revente des déchets (pays envoyant) et de leurs composantes (pays récepteur). Un équipement jeté sur deux finirait actuellement dans ces conditions en France.
Le traitement fait dans les pays pauvres a un impact considérable sur l’environnement et les populations aux alentours. On y voit une espérance de vie très faible ainsi qu’une progression fulgurante des maladies (cancer, infertilité). Les émanations de cuivre contaminent les sols et champs aux alentours. Les ressources alimentaires produites dans la région sont alors toutes toxiques.
Au Ghana, ce sont près de 40 000 personnes qui travaillent dans la plus grande décharge du pays. Le marché principal d’Accra, la capitale, est situé juste à côté de celle-ci. Les choses commencent cependant à changer, le pays lance un projet de centre dédié au traitement des déchets électroniques.
Quelles législations existent ?
La phase de fin de vie et le recyclage de nos appareils électroniques est encadrée depuis 1989 avec la Convention de Bâle. Ce traité international s’applique sur le contrôle des mouvements transfrontalières de déchets dangereux et de leur élimination. L’ensemble des pays européens ont ratifié ce traité. Les Etats-Unis, eux, l’ont simplement signé.
Cependant, de nombreuses ONG et acteurs du numérique affirment que cette convention ne va pas assez loin. Celle-ci n’interdit pas l’exportation de déchets dangereux (incluant les DEEE) mais demande un consentement des deux pays. Malheureusement, l’envoi de déchets électroniques se fait bien souvent sous l’étiquette d’appareils d’occasion pour les pays en voie de développement. Sans plus de réglementation, les déchets continuent malheureusement de transiter. Les pays récepteurs ne contrôlent que peu les arrivés, conscients que cela apporte un revenu à sa population pauvre. Les pays africains dénoncent cependant ce “colonialisme toxique”.
Selon Coraline Salvoche et Alain Pirot, auteur d’un documentaire sur le sujet, “c’est la législation du marché d’occasion qu’il faudrait revoir pour contrer ce trafic.”
Fin de vie de nos appareils électroniques : les voies pour agir
En tous points, plus un appareil est gardé longtemps, plus son impact est réduit. Allonger la durée de vie de ses appareils électroniques et éviter de les jeter sont donc le premier pas pour en réduire les effets néfastes et la pollution numérique.
Réfléchir à l’action de se séparer de son appareil à plusieurs reprises permet de s’assurer que nous ne le faisons pas sur un coup de tête.
Lorsque nous voulons nous séparer de notre appareil car celui-ci est dysfonctionnel ou cassé, tournons-nous vers la réparation plutôt que la séparation. Un smartphone dont la batterie est dysfonctionnelle peut être réparé en un rien de temps, et souvent un coup moindre que le ré-achat. Cela vaut aussi pour une grande partie des réparations. Vous pouvez vous tourner vers les vendeurs chez qui vous avez acheté votre appareil, à la marque de celui-ci ou à des réparateurs agréés et de confiance. Des solutions comme les Repair Café existent également.
Recyclage des appareils électroniques : la réglementation
Dans le cas où vous souhaitez tout de même vous séparer de votre appareil, plusieurs possibilités s’offrent à vous et permettent de limiter toute pollution.
D’après la réglementation en vigueur en France, pour vous séparer d’un appareil électronique ou électrique :
- Vous pouvez déposer vos petits appareils (smartphones, tablettes…) dans n’importe quel magasin spécialisé dans l’électroménager de plus de 400m². Et ce, sans obligation d’achat d’un nouvel appareil.
- Vous pouvez déposer vos autres gros appareils dans ces mêmes magasins (et ceux inférieurs à 400m²) si vous achetez un nouvel équipement.
Quelques organismes de collectes de DEEE
Des points de collecte Ecosystem peuvent être trouvés dans ces mêmes magasins ainsi que dans les déchetteries. Vous pouvez rechercher sur leur plateforme les points de dépôt autour de chez vous selon vos appareils à déposer.
Le réseau Envie est similaire, à la différence que celui-ci a pour but la collecte, la rénovation et la revente des équipements. De la même manière, les points de collectes sont trouvables sur leur plateforme.
Dans la même démarche que ces organismes, certaines collectivités peuvent aussi organiser des collectes de DEEE. Vous pouvez vous procurer plus d’informations auprès de votre commune.
Aussi, dans le cas où votre appareil est toujours utilisable, vous pouvez bien évidemment vous tourner vers des associations qui peuvent le reprendre. C’est le cas des ressourceries, d’Emmaüs ou encore de l’association ConsoGlobe.
Recyclage des appareils électroniques - la version digitalisée
Par manque de temps ou de point de collecte, il est tout à fait possible d’opter pour les versions “digitales” du recyclage de nos appareils. En effet, certains revendeurs peuvent reprendre vos appareils, si vous les avez achetés chez eux. C’est le cas de BackMarket, Materiel.net, ou encore d’opérateurs comme Orange. Vous pouvez le vérifier en contactant le SAV ou en regardant les informations sur leur site internet ou en magasin.
Avec la digitalisation et l’avènement de la seconde main, vous pouvez aussi penser à la revente de vos appareils, sur leboncoin, notamment. Créée par l’organisme Ecosystem, la plateforme jedonnemontelephone.fr est aussi disponible pour se séparer de ses petits appareils.
Enfin, la startup Zack vous propose de lister vos différents petits appareils usés puis, après quelques questions posées, vous recommande différentes solutions. Don, revente ou recyclage, vous choisissez la fin de vie de vos appareils et vous les envoyez à la startup. Simple et digitale, la solution peut être un réel gain de temps.
Le recyclage d’appareils électroniques en entreprise
Pas toujours simple en entreprise de comprendre les obligations et les manières pour recycler son parc informatique. Depuis 2005, toute entreprise a l’obligation d’organiser et de financer le traitement et recyclage de ses équipements en fin de vie. Dans les faits, ces appareils doivent être repris par le vendeur ou le fabricant. Cependant la réalité peut s’avérer plus complexe. Voici alors ici quelques clés :
Certains organismes proposent la collecte des équipements usés au sein des entreprises. C’est le cas d’Ecosystem cité plus tôt. Vous pouvez retrouver les différentes solutions proposées ici. L’organisme cartographie aussi les points de dépôt de DEEE pour professionnels présents en France sur cette plateforme.
Aussi évoqué précédemment, la startup Zack s’occupe aussi des professionnels. Vous pouvez retrouver plus d’informations et demander un devis sur leur plateforme dédiée.
Photo de couverture : picjumbo.com
A propos de l'auteur
Alizée Colin
Fondatrice & rédactrice
UX/UI designeuse, j’aspire à recentrer le web et ses outils dans un objectif de bien commun, tant bien environnemental que social. Nous sommes dans une ère où nous nous devons de réinventer notre manière de concevoir et de communiquer. Le numérique responsable en fait partie. Changeons les choses.
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