La réalité minière des transitions environnementale et numérique
Projection-débat de Transition sous tension
En présence de la réalisatrice Violeta Ramirez.
Courant 2022, Imerys, multinationale spécialiste de l’extraction minière, a annoncé l’ouverture prochaine de la plus grande mine de lithium en Europe dans l’Allier, en France. Violeta Ramirez a enquêté durant plus d’un an sur les débats locaux et les conséquences de ce projet. Son documentaire, Transition sous tension, elle met sous les projecteurs, les impacts environnementaux astronomiques du projet : 600 millions d’euros de budget, une extraction de lithium d’environ 34 000 tonnes par an à partir de 2028 pour une consommation 1,2 million de mètres cube d’eau par an. Rien que ça.
Pour un territoire catégorisé en niveau “crise” sécheresse depuis plusieurs années, il est naturel que la réouverture de la mine divise. Et oui, car le terrain abritait autrefois une mine de kaolin, ayant apporté une attractivité économique notable pour les alentours. Cet attrait économique est l’argument le plus plébiscité des habitants, rêvant d’un désenclavement des villages. L’autre argument, porté par les investisseurs et les pouvoirs publics, reste la place centrale qu’a le lithium dans notre transition énergétique. En effet, il est mentionné que pour ce projet, 95% du lithium ira aux voitures électriques. Pour Violeta Ramirez, nous faisons face à un “passe-droit environnemental pour tout projet qui sert la transition”.
Alors que l’entreprise Imerys se targue d’être une “mine responsable et respectueuse de l’environnement”, la colère monte. Une association locale contre ce projet sensibilise les habitants aux impacts induits : destruction de la biodiversité forestière locale, pollution des eaux, consommation d’eau astronomique au regard de la sécheresse, etc.
Ce documentaire vise à être de nouveau projeté en France dans les prochains mois.
Rencontre avec Célia Izoard : “la réalité minière du numérique”
Organisé par Point de M.I.R, animé par Richard Hanna, avec l’intervention de Célia Izoard et David Maenda Kithoko.
Célia Izoard est autrice de La ruée minière au XXIe siècle ou encore de Merci de changer de travail, traductrice (1984 de George Orwell, la classe), et journaliste. Durant cet événement, Célia revient sur les impacts environnementaux et sociaux de l’extraction minière actuelle : expropriation, destruction de la biodiversité, désir de conquête, pollution des eaux et des sols via les résidus miniers, travail d’enfants, baisse des nappes phréatiques, alimentation de conflits armés et d’instabilités politiques, et j’en passe. Un CV peu reluisant pour ces lieux présentés comme fondamentaux pour la transition numérique et environnementale. Mines qui, rappelons le, extraient, dans le meilleur des cas 0,5% de cobalt pour 99,5% de déchets. En République Démocratique du Congo, David Agenda Kithoko rappelle le drame social qui se passe sous les fenêtres du monde. On compte pas moins de 6 millions de morts liés aux mines et environ 40 000 enfants travaillant dans les mines artisanales.
Ce qu’elle dénonce également, c’est le verdissement soudain des mines du XXIe siècles : “Ce sont des mines qui ont résolu tous leurs problèmes, car elles servent la transition. […] Elles se disent dorénavant “responsables.” Creuser des mines pour sauver la planète, mais à quel prix ? Un exemple récent montrant l’absurdité de telles déclarations reste le scandale écologique des mines marocaines dans lequel BMW et Renault se sont retrouvés. BMW, Renault et d’autres se targuaient dans leur communication d’être alimentés en “cobalt responsable” venant du Maroc. Derrière le greenwashing, la réalité était glauque : contamination des ouvriers à l’arsenic, travail d’enfant, pollution des terres et des eaux, assèchement de la région, etc. L’enquête de Reporterre révèle que les multinationales n’ont jamais audité les mines, ce qui revient d’une faute grave dans leur devoir de vigilance. Entre les ouvriers et les multinationales, le rapport de force est sans équivoque. Célia Izoard rappelle le bon vieux goût de colonialisme qu’ont ces projets : “la bourgeoisie a assis son pouvoir dans l’extraction des sols”.
Selon elle, l’autre “escroquerie intellectuelle” liée reste la relocalisation des mines : on ne relocalise pas, on accumule. En effet, si l’on devait relocaliser pleinement, on devrait réduire drastiquement notre consommation de métaux. Sauf que dans les prochaines années, les prévisions sont limpides : nous allons extraire de la terre entre 2024 et 2050 l’équivalent de ce que l’humanité a extrait depuis l’Antiquité.
Présentation du RGESN version 2024
En présence de Marina Ferrari, secrétaire d’Etat en charge du Numérique, Laure de La Raudière, présidente de l’Arcep, Roch-Olivier Maistre, président de l’Arcom et Sylvain Waserman, président de l’ADEME.
Le 17 mai au matin marquait le lancement du Référentiel Général d’Écoconception (RGESN) des Services Numériques, porté par l’Arcep et l’Arcom, sur la base du travail de la MiNumEco. Le président de l’Ademe, Sylvain Waserman, a annoncé la possibilité pour les PME de se faire accompagner par l’Ademe, notamment financièrement, dans l’adoption de ce référentiel. Il interpella Marina Ferrari, secrétaire d’Etat en charge du Numérique : “madame la ministre, votre impulsion sera déterminante”. Celle-ci affirma dans son discours la volonté de pousser ce référentiel au niveau européen, via le BEREC, L’organe des régulateurs européens des communications électroniques.
L’ambition internationale se traduit dans la traduction anglaise du référentiel. Espérons que cette action facilite l’implémentation dans les organisations internationales.
Cette nouvelle version du RGESN regroupe 78 critères sur l’économie de l’attention, l’IA frugale, la sobriété des contenus et médias, ou encore bien sûr la lutte contre l’obsolescence des terminaux.
Un modèle de déclaration d’écoconception ainsi qu’une méthodologie de calcul de taux de conformité (présenté via le terme de “score d’avancement”) accompagnent le référentiel. À noter que ces nouveaux éléments visent à s’approcher des méthodologies de reporting du RGAA.
L’Arcep a confirmé la volonté de poser des moments d’échanges avec les expertes et experts à la suite du lancement, afin de continuer à faire évoluer dans le temps le référentiel.
L’ensemble de la documentation est à retrouver sur le site de l’Arcep.
GreenTech Forum Bruxelles
Le GreenTech Forum, événement déjà connu du public français, rassemble depuis 3 ans des acteurs et actrices du numérique responsable, pour échanger sur les enjeux et alternatives pour le secteur. Cette année signe la première édition internationale de l’événement, prévu à Bruxelles le 18 et 19 juin prochain. Près de 1 000 participants sont attendus sur 2 jours, avec un programme de 20 conférences et 15 ateliers, ainsi qu’un salon accueillant près de 70 exposants
Olivier Vergeynst, directeur de Belgian Institute for Sustainable IT, partage la volonté de cet événement : “En organisant cet événement B2B à Bruxelles, nous montrons que les organisations belges relèvent le défi d’apporter plus de durabilité dans la conception et l’utilisation des outils numériques, et nous invitons tous les acteurs européens à se joindre à nous. L’avenir de la technologie n’est pas seulement une question d’innovation, c’est aussi une question de responsabilité et de gestion de l’environnement. Des dizaines d’exposants présenteront des solutions, tandis que des expériences précieuses seront partagées lors des conférences et des tables rondes.”
Toutes les informations sont disponibles sur le site du GreenTech Forum Bruxelles.
A propos de l'auteur
Alizée Colin
Fondatrice & rédactrice
UX/UI designeuse, j’aspire à recentrer le web et ses outils dans un objectif de bien commun, tant bien environnemental que social. Nous sommes dans une ère où nous nous devons de réinventer notre manière de concevoir et de communiquer. Le numérique responsable en fait partie. Changeons les choses.
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