Fin d’année oblige, et les bilans avec. Que s’est-il passé en 2021 sur le sujet du numérique responsable ? Quels sont les avancées et les blocages ? Cette année ouvre t-elle la porte à une année 2022 propice à une prise de conscience de plus en plus généralisée ? Retournons sur les actions citoyennes, gouvernementales et des entreprises sur les enjeux d’un numérique plus écologique et éthique.

Une naissance de plus d’événements autour des impacts du numérique

Preuve d’une avancée dans le secteur privé, de plus en plus d’événements ont émergé cette année autour des impacts environnementaux et sociaux du numérique. On a déjà pu voir plusieurs événements liés aux métiers du numérique intégrer des conférences sur l’accessibilité, l’éco-conception, l’inclusion… Cette année nous avons pu assister à la première édition du GreenTech Forum, événement entièrement dédié aux impacts environnementaux du numérique et au rôle de celui-ci dans la transition écologique. 


En terme de première édition, nous avons aussi les Trophées du Numérique Responsable qui se sont déroulés à Bercy mi-décembre. Un jury, composé de la DINUM, l’INR, l’Ademe ou encore du Ministère de la Transition écologique ont récompensé 6 initiatives autour du numérique responsable. Alten, le groupe BPCE, Airbus, la Société Générale, l’Agglomération de la Rochelle et Empreinte Digitale sont les heureux élus.

Plusieurs publications de livres autour du numérique responsable

2021 sonne aussi une année riche en livres autour du numérique responsable. Plusieurs font notamment partie d’une liste de lecture publiée sur Le Bon Digital il y a quelques mois. Inès Leonarduzzi a ouvert la danse avec son essai Réparer le futur, traitant de trois types de pollutions numériques : environnementale, sociale et intellectuelle. S’en est suivi de L’enfer numérique de Guillaume Pitron qui nous offre un tour du monde des dessous d’Internet. Tendre vers la sobriété numérique, par Frédéric Bordage, clôture l’année en nous donnant les clefs pour agir. Côté anglophone, Tom Greenwood nous rappelle les bases de l’écoconception web avec son livre Sustainable Web Design.

La publication de plusieurs référentiels de bonnes pratiques

Le numérique responsable passe aussi par l’écoconception et la conception plus éthique, inclusive et accessible des services numériques. Pour avancer en ce sens, plusieurs référentiels ont été publiés, notamment dans la deuxième partie de 2021. 

Le premier à avoir ouvert la danse cette année a été le GR491, publié par l’Institut du Numérique Responsable. Les bonnes pratiques recouvrent tous les corps de métier du numérique et les phases de vie d’un projet. La particularité de ce référentiel se joue dans la profondeur de ses informations.

Côté public, la Direction Interministérielle du Numérique (DINUM) continue avec la sortie du RGESN, le Référentiel Général d’Écoconception de Services Numériques. Ce référentiel vient compléter ses homologues : RGAA pour l’accessibilité, RGS pour la Sécurité, RGI pour l’interopérabilité et RGPD pour la protection des données personnelles.

J’ai pu détailler ces référentiels et d’autres homologues sur l’écoconception et l’accessibilité dans un dernier article disponible.

Des avancées gouvernementales sur le numérique responsable

Quels sont les premiers retours sur la loi anti gaspillage ?

Nous voyons aussi les premières applications concrètes de la loi anti gaspillage pour une économie circulaire, actée début 2020. Début 2021, nous avons en effet vu l’indice de réparabilité étiqueté sur nos smartphones (début 2022, elle s’étendra notamment aux tablettes). Dernièrement, l’association UFC Que Choisir a pointé du doigt dans une publication la faiblesse de cet indice. Les calculs sont remis en question, jugés faussés et “nuisant à une bonne comparaison des produits” : “alors que les smartphones et les téléviseurs obtiennent une note inférieure à la moyenne sur le critère de disponibilité des pièces détachées, respectivement 4,8/10 et 3,1/10, ces familles affichent des indices de réparabilité élogieux de 7,2/10 et 6,6/10.” Un manque de rigueur sur l’étiquetage a également été souligné par l’association.

Aussi, depuis cette année, les applications de guidage comme Waze doivent indiquer les impacts environnementaux de leurs déplacements. Dans les faits, aucun exemple d’application de ce texte n’a été montré.

À la suite de cette loi, un rapport d’évaluation sur l’empreinte environnementale du numérique avait été remis au Parlement dans l’été (disponible ici). Il a été une première base dans la rédaction de la proposition de loi REEN.

Adoption de la loi REEN

La France continue en 2021 à s’engager vers un numérique plus régulé et responsable. Avancée majeure, la loi REEN (Réduire l’Empreinte Environnementale du Numérique en France) resserre la vis sur le délit d’obsolescence programmée et tend à incrémenter les impacts du numérique dans le parcours éducatif français. Vous pouvez retrouver un résumé plus détaillé de cette loi dans un précédent article

Malgré des manquements dans ces textes, qui peuvent toujours être plus ambitieux, ils forment un chemin plus engagé que pour certains de nos voisins.

Qu’attendre de 2022 ?

Premièrement, dès le 1er janvier 2022, les opérateurs devront informer les utilisateurs de la “quantité de données consommées dans le cadre de la fourniture d’accès au réseau et indiquent l’équivalent des émissions de gaz à effet de serre correspondant.” Des informations qui pourront notamment être très utiles dans la mesure globale des impacts environnementaux du numérique. Cette application permettra, nous l’espérons, de faire avancer la compréhension des impacts et les axes à prendre pour les réduire.


Les prochains événements autour du numérique responsable auront un rôle important dans sa mise en lumière. Nous attendons notamment le retour en novembre 2022 d’Ethics by Design, événement sur le design éthique. 2021 marque une belle lancée pour une plus grande ouverture du sujet des impacts du numérique. Des portes s’ouvrent et il est important d’y entrer pour amener le sujet dans la sphère publique.

A propos de l'auteur

Alizée Colin

Fondatrice & rédactrice

UX/UI designeuse, j’aspire à recentrer le web et ses outils dans un objectif de bien commun, tant bien environnemental que social. Nous sommes dans une ère où nous nous devons de réinventer notre manière de concevoir et de communiquer. Le numérique responsable en fait partie. Changeons les choses.

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