Cet article est sponsorisé et a été écrit à la demande de Green Web.

Comment entreprendre dans le numérique responsable ? Sur quel cheval de bataille partir ? Ce mois-ci je suis partie à la rencontre de Simon Cardon, CEO de GreenWeb, start-up, hébergement web engagé et développant une suite d’outils alternatifs à nos connus GAFA. Cet article est l’occasion de mettre en lumière des projets qui font avancer le numérique responsable.

Peux-tu te présenter et présenter tes projets ?

Je suis Simon Cardon, 35 ans, je suis le fondateur de GreenWeb. GreenWeb c’est une start-up qui a pour vocation d’aider les entreprises et les collectivités à réduire leur impact environnemental lié au numérique à travers 4 compétences.

  • La 1ère, c’est évidemment le conseil en numérique responsable. Je dis évidemment parce qu’en fait c’est surtout la partie sensibilisation. Au-delà même d’une stratégie numérique responsable sans sensibilisation, il n’y a pas d’action, donc c’est toujours le premier levier qu’il faut activer.
  • Le 2e c’est la mesure carbone du numérique. Sur laquelle nous, et pour le moment, on utilise pour le moment des outils relativement génériques.
  • La 3e partie, c’est l’écoconception. On a un pôle R&D qui gère les conceptions from scratch. On travaille surtout sur un éco-builder, donc la création d’un builder type un Wix ou un Élementor, mais qui permet de générer des sites 100% éco-conçus.
  • Et le 4e point, qui est notre colonne vertébrale, c’est la partie hébergement web bas carbone sous la marque Digital Forest.

Un hébergement « bas carbone » : pourquoi et comment ?

Si on revient un peu plus sur Digital Forest, quel a été le déclic pour toi pour fonder cet hébergement-là ?

C’était de trouver une cohérence pour proposer une solution alternative aux GAFAM. D’ailleurs, c’est pour ça que ça s’appelle Alternative Cloud. Notre but, c’était vraiment de créer une alternative pour montrer qu’on peut créer un web plus français, plus européen. Il y a une problématique globale par rapport à la donnée et par rapport aux octets qu’on produit. On a 3 orientations chez Digital Forest. C’est la partie éthique, parce que le web, de façon générale, est très américanisé et surtout, il a été mis en place par rapport à une logique liée à l’ultra consumérisme. On se bat contre le côté illimité de la donnée, c’est une illusion qu’on donne au consommateur de faire croire que le cloud, c’est quelque chose qui absolument illimité.

La 2e chose, c’est la partie souveraineté des données. Elles vont surtout aux États-Unis, nous concernant nous en France. Mais du coup comment sont régies les données ? Ce sont quand même des parties de notre carte d’identité et ce sont surtout des choses qui régissent aussi une fois de plus nos modes de consommation. Quand on collecte de la donnée, ça donne du pouvoir à la personne qui est en face. Il faut respecter le citoyen consommateur et garder le contrôle de la donnée.

Le 3ème pilier c’est le côté bas carbone. Car on cherche à faire en sorte que les octets qu’on produit à travers nos services, nos serveurs, aient le plus faible impact environnemental possible. On a travaillé sur différents axes, […] Comme le reconditionnement de composant pour créer nos propres serveurs, et aussi sur l’aspect gestion de la consommation d’électricité au sein même de ces serveurs. Savoir comment, avec une intelligence artificielle, on est capable de rester toujours sur le minimum vital pour assurer un service aussi performant que les autres mais qui consomme moins d’énergie.

Pourquoi tu t'es attaqué au datacenter, pourquoi ce cheval de bataille là ?

C’est vrai que les datacenters ça pourrait être une petite partie de l’impact environnemental, mais tout dépend comment on le calcule. C ‘est quand même une ferme de serveur et ça nécessite énormément de matières premières. On s’est attaqué à ce pilier là parce que pour moi il était central dans notre vision de la création d’un web plus européen. On avait beau mettre en place d’autres solutions, travailler sur de l’éco conception, de la mesure, mais la production d’octets, comme on produit des fruits et légumes, pour moi, c’était la base. Et si je voulais défendre un web qui était plus européen, fallait déjà qu’on soit en capacité de produire ce qui pouvait permettre de faire tourner un web plus local.

En quoi Digital Forest est engagé ? On a évoqué l’intelligence artificielle, pourquoi l'utiliser ? Est-ce que tu peux nous parler de la localisation des serveurs ?

C’est une combinaison de différentes choses. Nous, on utilise plusieurs infrastructures dont une qui est un datacenter qui est positionné sur Grenoble et qui a plusieurs avantages. C’est un ancien bunker qui est caréné par des panneaux solaires qui produisent plus d’électricité qu’il n’en consomme. Il est relié directement au réseau de GEG, qui produit historiquement l’électricité hydroélectrique, qui est aussi relié à la nappe phréatique pour pouvoir pour nous permettre de faire du natural cooling sur les serveurs. On injecte un air qui est à 12° d’un côté, on le récupère à 23 de l’autre et en moyenne on a des serveurs qui tournent à 21° et pas à 19.

Après il y a l’aspect reconditionnement du matériel, on essaie d’atteindre les 95% de reconditionnement sur le matériel sachant qu’il y a des éléments qui sont quasiment increvables sur un serveur. Les choses qui s’usent, on va dire que c’est la partie alimentation électrique et la partie disque dur. C’est important d’avoir les dernières générations parce que ça nécessite moins de place pour stocker plus d’octets et atteindre des meilleurs résultats. Au niveau de l’alimentation électrique, ça permet d’avoir une meilleure gestion des flux d’électricité donc d’obtenir des bons scores en basse consommation et tout ça piloté par une intelligence artificielle.

Il y a cette garantie qui est liée plus à la neutralité avec laquelle on gère les données. Quand on parle d’hébergement engagé, il y a un aspect qui est sociétal, il y a un aspect environnemental. Il ne faut pas oublier que l’aspect environnemental dépend fortement de l’aspect sociétal. La panoplie Google, elle est bien faite pour qu’on soit bloqué. Il y a des alternatives qui fonctionnent bien aujourd’hui. On propose chez Digital Forest, Drive Forest. C’est une alternative à Google Drive, à Google Meet, pour pouvoir faire de la visioconférence, pour pouvoir stocker des données, pour pouvoir gérer des projets. En fait c’est une base de Next cloud, open source et proche de nos valeurs, qu’on a customisé.

L’évolution du numérique responsable et de l’hébergement

Comment tu vois le futur du numérique responsable et de l'hébergement ? Est-ce que tu vois plus d'engagement de la part des pairs, une plus forte réglementation, un tournant technologique ?

Je pense qu’on est en bonne voie déjà pour bien réglementer les choses sur les aspects sociétaux et environnementaux. Si on continue sur la lancée actuelle, ça va permettre de régir beaucoup de choses pour déjà protéger les utilisateurs.

Chez Digital Forest, on a une vision bien précise des choses, on défend ce qu’on appelle le fog. C’est à dire que plutôt que d’avoir globalement de la logique du cloud, d’avoir des gros datacenters par-ci par-là, nous on fait plus la promotion de micro datacenters qui sont plus proches des utilisateurs, qui utiliseraient beaucoup moins de ressources, qui seraient au cœur des villes et qui permettraient de faire fonctionner un Internet, voire même un intranet au sein d’une ville. La partie fog computing chez nous, c’est le fil rouge d’évolution au quotidien sur le moyen court terme. On a des projets en cours, notamment sur Annecy par exemple.

L’international

Au cours de notre discussion, nous avons dérivé sur le sujet de l’international. Force est de constater que le numérique responsable est un sujet grandissant en France. Mais Simon étant proche des frontières suisses, je souhaitais avoir son regard sur la possible émergence du sujet en Europe et dans le monde.

J’ai l’impression qu’on est encore dans une logique franco-française et qu’en France, on commence à avoir une vraie sensibilité différente en fonction des régions. La concurrence, il n’y en a pas tant que ça parce qu’il y a tout à faire, il y a tout un monde digital à basculer sur quelque chose de plus responsable. […] Par contre, il va falloir prendre notre bâton de pèlerin et clairement aller à l’étranger, aller du côté de l’Oncle Sam pour prêcher nos idées, notre façon de voir les choses, nos valeurs, etc.

La Suisse par exemple, c’est un pays qui a beaucoup de valeurs liées à l’environnement mais pas par rapport au numérique responsable. Ils ont des mois, des années de retard par rapport à ce qu’on fait nous en France et quand on va en Espagne, ça n’existe pas. La vision des Américains, c’est de toujours continuer à consommer mais à avoir une consommation avec des produits qui sont moins carbonés, jamais à aucun moment ils ne remettent en cause la consommation. Ça en dit long sur les différences culturelles entre l’Europe et les États-Unis. Et c’est exactement pour ça d’ailleurs que nous, on veut montrer qu’on peut être dans une logique de sobriété. La France a pris le lead, elle va écrire des choses et elle va essayer de les imposer au niveau européen.

Entreprendre et communiquer dans le numérique responsable

Comment on construit un projet entrepreneurial à impact ?

Quand on parle de RSE et de projet engagé, il y a un pilier ou un levier central, c’est la transparence. Donc on essaye d’apporter par exemple le maximum d’éléments vis-à-vis de cette transparence. La première chose que j’ai rédigé, c’est notre charte écoresponsable et notre charte sociétale. Il fallait que tout le projet puisse suivre et s’accorder sur l’ensemble des valeurs qui avaient été exprimées. À chaque fois qu’on fait quelque chose, qu’on intègre un nouveau collaborateur, la première chose c’est de s’assurer qu’on est bien en phase. On maximise les éléments qui permettent de minimiser les impacts, minimiser les ressources. On a toujours cette vision qui est presque ambivalente car on recherche tout le temps à optimiser les choses.

J’ai souvent remarqué que les hébergements plus engagés sont parfois plus difficiles à prendre en main pour un novice. L’expérience utilisateur y est parfois moins fluide. Comment tu vois ce sujet ?

Ce sont des logiques aussi assez budgétaires, les mastodontes ont des énormes budgets d’optimisation des expériences utilisateurs, alors que les plus petits hébergeurs, en fait souvent, partent de solutions open source qu’ils viennent optimiser, peaufiner. Il y a encore du travail à faire pour pouvoir concurrencer justement les plus grosses solutions.

Dans tous les cas, on mise sur l’aspect support sur le fait que notre support sera toujours réactif dans les moins de 24h et qu’on sera toujours là pour aider sur des mises en place. On a plein de mises à jour par exemple qui arrivent dans les mois prochains.

Vous pouvez en découvrir plus sur Digital Forest et GreenWeb.

A propos de l'auteur

Alizée Colin

Fondatrice & rédactrice

UX/UI designeuse, j’aspire à recentrer le web et ses outils dans un objectif de bien commun, tant bien environnemental que social. Nous sommes dans une ère où nous nous devons de réinventer notre manière de concevoir et de communiquer. Le numérique responsable en fait partie. Changeons les choses.

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