Pour la 2ème année consécutive, la Cantine Numérique et la French Tech Nantes nous offrent, dans le cadre de la Nantes Digital Week, les Journées Tech for Good. Cet événement de deux jours est entièrement dédié aux technologies pour le bien commun. Savant mélange entre coups de pouce et questionnements, il a pour but d’introduire et d’accélérer le mouvement.

Tech for Good : bonnes intentions ou bullshit ?

Le mouvement « Tech for Good » regroupe tous les entrepreneurs qui veulent, par le biais de la technologie, avoir un impact positif au niveau social ou environnemental. Parfois victime de greenwashing, le mouvement est occasionnellement critiqué. Sans manifeste ou certification officiels, les technologies pour le bien doivent, de manière informelle, respecter :

  • Les 10 principes de l’organisme Tech for Good, référence mondiale sur le sujet.
  • Les 17 objectifs de développement durable définis par l’ONU.

Autour de la première table ronde de la journée : Louise Villard de Nantes Métropole, Manuella Cunha Brito de Good Tech Lab et Basile Michardière de Makesense soulèvent les problématiques liées à l’image du mouvement.

La labellisation est-elle une solution contre les dérives ?

Le greenwashing est un sujet redondant du mouvement et qui met en danger les réels projets à impact positif. Comment le contrer ? La labellisation est-elle une solution ? Dur à dire, selon Louise Villard “ce qui est Good à un moment peut ne pas l’être après”. Certaines grilles de critères ont été testées mais elles restent difficiles à mettre en place au vu des différentes structures d’entreprises. Cependant, pour certains défenseur d’une “Tech for Good” certifiée, comme Basile, “la labellisation est un sujet central”.

Est-ce que la Tech for Good est toujours la solution ?

La sobriété numérique s’applique aux technologies pour le bien commun. Évoqué lors de la table ronde, le syndrome du “solutionnisme technologique” (décrit par Evgeny Morozov) touche de plein fouet le mouvement. En effet, la technologie est souvent présentée au moindre problème, cependant des alternatives très simples peuvent le régler, sans technologie. De plus, la Tech for Good reste, pour beaucoup, une innovation. D’après Basile Michardière, “Elle sonne très startup nation, pourtant, une association qui s’organise avec un simple Excel c’est totalement Tech for Good”.

Quel rôle de l’entreprise face aux nécessitées environnementales ?

La certification face à l’ambition environnementale et sociale des entreprises

À la suite de l’événement, une deuxième table ronde qui porte sur le rôle de l’entreprise face aux besoins environnementaux. Autour de la table, Charlie Tronche de Helloasso, Pascale Guiffant de Openlande et Anne Billiet de Fly The Nest.

Depuis quelques années, les entreprises peuvent être qualifiées d’ESS (Entreprise d’Économie Sociale et Solidaire) ou agréées ESUS (Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale). Avant réservées aux associations, ces qualifications ouvrent aux entreprises les portes d’une économie à impact positif. Même si celles-ci apportent un statut juridique, “on ne monte pas un projet pour un label”, selon Pascale Guiffant. En effet, elles ne vont pas changer l’entreprise si sa mission est d’ordre positif à sa base. Il est important de “transformer la culture de l’entreprise avant de cocher des cases”. 

Le rôle de l’entreprise dans un futur plus responsable reste déterminant : “il ne faut pas attendre que cela vienne d’en haut” selon Charlie Tronche. Elles sont redevables de l’écosystème et l’impactent, positivement ou négativement.

Vers une industrie plus écologique grâce à la tech

Pour la troisième table ronde de l’événement, la Cantine accueille Sandrine Molle de Dyvem Logistics, Arnaud Legrand d’Energiency, Nicolas Pomariega de Naval Group et Eric Yvain de Saunier Duval.

Pour certaines industries, la transition énergétique et écologique est une nécessité, de par leur secteur ou son système de production. Elles sont aussi parties prenantes de la consommation de ressources et d’énergies fossiles. En cela, il est possible d’utiliser la technologie pour limiter cet impact. Selon Sandrine Molle, “il faut connaître pour agir”. Il est cependant important de garder l’équilibre : “on ne fait pas du digital pour faire du digital” selon Eric Yvain. L’objectif est de garder une balance positive entre la diminution de la pollution industrielle par la solution technologique et la sobriété de la solution elle-même. Le secteur peut être victime de contraintes qui peuvent bloquer la transition, comme son histoire ou l’âge de l’usine. Cependant, il est toujours possible de s’améliorer selon Eric Yvain : “c’est une opération sans fin, c’est un marathon, pas un sprint”.

Améliorer l’impact de son entreprise au quotidien

Comment améliorer son impact ? Quels en sont les bénéfices en interne et pour nos clients ? C’est de quoi Séverine Lebrun de Wiztivi et Laetitia Longeard de Cedreo sont venues parler lors d’une autre table ronde.

Selon Laetitia Longeard, adopter une démarche RSE a un côté idéologique et business. Pour améliorer l’impact environnemental et/ou sociétal de son entreprise, des gestes simples peuvent être appliqués au quotidien. L’objectif premier est d’acculturer ses collaborateurs en déployant de la communication interne sur les sujets importants (pollution,…). Amener ces sujets avec pédagogie permet de fidéliser et d’attirer les collaborateurs. Pour accélérer le mouvement, la mise en place d’une certification (notamment B Corp) ou d’un poste dédié (chargé de développement durable, par exemple) apportent une structure plus professionnelle. Un engagement RSE peut aussi permettre une cohérence avec ses clients.

Clap de fin : lancement de Nantes Numérique Responsable

En dernière conférence, Remy Marrone, Romain Petiot, Stéphanie Vachon, Inès Slama, Mélissa Cottin et Jérôme Lucas nous introduisent à l’écosystème du numérique responsable

L’institut du Numérique Responsable (INR) a pour but d’accompagner tous les professionnels vers un numérique plus écologique, éthique et inclusif. La conférence sonne le lancement du collectif Nantes Numérique Responsable (NNR) en lien avec l’INR. Le collectif se donne pour objectif de fédérer les acteurs locaux du numérique et d’y développer le sujet dans la métropole. Le collectif aborde aussi une utopie : faire de Nantes la capitale du numérique responsable. Un meetup est organisé le 22 Octobre.

Un grand merci à la Cantine, la French Tech Nantes et la Nantes Digital Week pour l’organisation de cet événement. C’est en écoutant et échangeant que le numérique responsable et la Tech for Good entrent et s’imposent dans nos vies professionnelles.

Vous pouvez retrouver d’autres événements sur le numérique responsable dans cet article.

A propos de l'auteur

Alizée Colin

Fondatrice & rédactrice

UX/UI designeuse, j’aspire à recentrer le web et ses outils dans un objectif de bien commun, tant bien environnemental que social. Nous sommes dans une ère où nous nous devons de réinventer notre manière de concevoir et de communiquer. Le numérique responsable en fait partie. Changeons les choses.

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