Eco-anxieté et numérique responsable : comment fait-on ?
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Ces derniers mois, et depuis plusieurs années, nous sommes bercées de mauvaises nouvelles. Sécheresses, incendies, usage du numérique toujours exponentiel, santé des big techs au beau fixe, industrie du luxe nourrissant des scandales… Il est parfois difficile de faire face à ce flot continu, aux impacts induits par nos actions collectives, celles des entreprises et des gouvernements.
Nous sommes beaucoup à avoir ressenti une anxiété liée à ces sujets. Du moins j’imagine ne pas être la seule. Particulièrement quant aux impacts du numérique, qui sont encore si peu évoqués, ou montrés comme un argument de vente. Nous sommes beaucoup à travailler sur ces sujets, à sensibiliser, mesurer, améliorer. Des avancées apparaissent, la loi REEN en est un exemple, les entreprises s’engageant de plus en plus aussi.
Se décourager face à la montagne
Cependant, il est tout à fait normal de ressentir un surplus. Trop d’informations, un secteur qui bouge vite et une urgence climatique visible chaque jour. L’hyperconnexion et l’infobésité font le pont direct entre une envie de s’informer et une éco-anxiété grandissante. Lorsque peu de changement de paradigme s’installe et qu’une majorité continue son business as usual, on peut se décourager.
Face à des catastrophes visibles, le numérique lui est invisible. Fait de pixels sur nos écrans 4K, on peut se dire qu’agir sur ce secteur n’est pas la priorité dans la lutte contre le changement climatique. Or, les 4% des gaz à effet de serre émis chaque année par celui-ci sont bien présents. La prise de conscience généralisée de ces émis sera long. C’est pourquoi la lutte pour un numérique responsable a tout aussi sa place dans la lutte contre le changement climatique.
Cependant, comment agir pour un numérique plus responsable tout en préservant notre santé mentale ? Je vais dérouler quelques points pouvant rendre tout ce chemin plus positif.
Parler du numérique responsable sans développer de l’éco-anxiété
Donner du repos à son cerveau
Il n’a pas à être au courant de tout, tout le temps. L’information est nécessaire pour agir et faire changer les choses. La veille est souvent au cœur de nos métiers. Cependant un surplus d’informations, qui plus est, anxiogènes, n’aidera pas à l’action.
Se définir un temps pour s’informer quotidiennement ou de manière hebdomadaire peut être une solution. Parfois il est nécessaire de se déconnecter plus longuement. Choisir quelques sources d’informations sûres et se fier à elles peut aussi limiter la multiplication du temps de lecture.
Employer de meilleurs termes
Lorsque l’on parle d’impacts environnementaux, des conséquences et des actions à mener, nos termes employés ont leur importance. Nous devons préférer communiquer sur les externalités positives au changement.
L’envie d’alerter, surtout dans un contexte actuel, est plus que légitime. Cependant, les 50 dernières années ont montré que cette méthode ne pouvait pas exceller dans chaque situation. Attirante, la culpabilisation de l’autre est de mise. Pointer du doigt ceux qui font mal est une chose, lorsqu’aucune volonté de changement de leur part n’est visible.
Cependant, une majorité non-consciente des impacts existe, ne sachant comment avancer et s’améliorer. Le numérique responsable est une préoccupation encore neuve pour beaucoup. La plupart des personnes et entreprises n’agissant pas n’ont pas conscience des impacts. Et face à eux, la culpabilisation n’est peut-être pas un outil des plus efficaces. La pédagogie, la sensibilisation sont nécessaires pour faire avancer les choses.
Passer à l’action
L’éco-anxieté part aussi d’un sentiment d’impuissant face à l’effondrement du monde. Que pourrait-on faire pour participer à la lutte ? Agir à son échelle, sans culpabilité, est l’arme imparable. On se sent moins impuissants, on participe au changement.
Si vous ne savez comment passer à l’action, par où commencer, vous pouvez entrer en contact avec des personnes agissant déjà. Des associations, collectifs, entreprises et indépendants peuvent vous aiguiller sur les actions où votre énergie serait utile. Échanger avec des personnes concernées et agir collectivement est la recette pour se sentir plus utile.
Sobriété éditoriale
L’avalanche de contenu sur des thématiques environnementales, Le Bon Digital y prend aussi part. J’ai toujours souhaité orienter son contenu vers des solutions, des alternatives. Mais nous ne pouvons obstruer son implication dans l’alerte autour des problématiques environnementales et sociales liées au numérique.
C’est pourquoi le rythme de publication du blog peut ralentir. Pour limiter l’exposition des cerveaux à une trop grande quantité d’information. Mais aussi afin d’avoir des contenus pertinents et liés à des actions sur le terrain. Une sobriété éditoriale dont j’ai été inspirée par le livre de Ferréole Lespinasse 50 bonnes pratiques pour ecoconcevoir vos contenus web.
Ces quelques perspectives face à l’éco-anxieté ne sont exhaustives. Chacun tente de la contrôler à sa manière. N’hésitez pas à partager d’autres pistes de solutions.
Il y a bien un problème d’éco-anxieté qui se justifie médicalement, mais il est très nettement mis en avant dans les médias, certes pour de bonnes raisons, mais il semble de plus en plus qu’il sert à masquer le passage à l’action et qu’il permet de dépolitiser l’éco-anxiété. Il y a bien une angoisse justifiée, mais il ne faut pas oublier que beaucoup de personnes notamment des jeunes passent à l’action. J’apprécie beaucoup le passage de Frédéric Lordon au sujet de l’éco-anxiété qu’il souhaite remplacer l’eco-furieux : https://www.youtube.com/watch?v=CrKmxPkV2jY
UX/UI designeuse, j’aspire à recentrer le web et ses outils dans un objectif de bien commun, tant bien environnemental que social. Nous sommes dans une ère où nous nous devons de réinventer notre manière de concevoir et de communiquer. Le numérique responsable en fait partie. Changeons les choses.
Il y a bien un problème d’éco-anxieté qui se justifie médicalement, mais il est très nettement mis en avant dans les médias, certes pour de bonnes raisons, mais il semble de plus en plus qu’il sert à masquer le passage à l’action et qu’il permet de dépolitiser l’éco-anxiété. Il y a bien une angoisse justifiée, mais il ne faut pas oublier que beaucoup de personnes notamment des jeunes passent à l’action. J’apprécie beaucoup le passage de Frédéric Lordon au sujet de l’éco-anxiété qu’il souhaite remplacer l’eco-furieux : https://www.youtube.com/watch?v=CrKmxPkV2jY