Dans la pollution numérique, il est parfois complexe de se rendre compte du poids de chaque composante. Le numérique se déploie à travers différents tiers : les centres informatiques, les utilisateurs et le réseau qui les lie. Comprenons alors la pollution réelle des datacenters dans cette chaîne, pour agir face à elle.

Quels impacts pour les datacenters ?

Les datacenters, ces gros centres hébergeant des rangées de serveurs informatiques stockant nos données, participent aussi à la pollution numérique. Selon l’étude de GreenIT.fr de 2020, les centres informatiques sont responsables de 4 à 15 % des impacts du numérique français. Analysons leur cycle de vie pour faire un tour global de leur impact.

L’étape de fabrication

La fabrication des serveurs informatiques demande, à l’instar de nos autres appareils électroniques, de grandes quantités de matières premières polluantes. L’extraction de métaux rares mixé aux substances toxiques ont définitivement un impact d’un point de vue environnemental et humanitaire. Avec une quantité de données gigantesque à stocker, les machines se multiplient et participent à l’épuisement de ressources. Je vous invite à regarder cet article si cette phase vous intéresse.

Cependant, l’impact de cette étape reste minime face à celui généré dans la phase d’utilisation des serveurs présents dans les datacenters.

L’étape d’utilisation

Le fonctionnement des datacenters est la phase critique de leur cycle de vie. Elle inclut différents éléments : 

  • Le fonctionnement des serveurs
  • Le refroidissement des serveurs

Ce sont ces deux processus qui consomment beaucoup en énergie et en eau, notamment. Regardons plus en détail d’où vient cet impact.

Focus sur le fonctionnement des datacenters

Des machines qui tournent 24h/24

Pour que nous puissions avoir accès à tous les sites internet et autres services numériques à n’importe quelle heure, les serveurs doivent tourner 24h/24 et 7j/7. L’électricité nécessaire au fonctionnement des machines représente 40% des coûts d’exploitation d’un centre. Certains datacenters se fournissent uniquement en énergie renouvelable pour limiter leur impact. Cependant, pour d’autres, les centres sont alimentés en énergies fossiles comme le charbon ou le gaz. C’est le cas de 2 tiers des infrastructures chinoises, qui ne cessent de s’accroitre.

Un refroidissement indispensable

Lors de leur fonctionnement continuel, les serveurs surchauffent et dégagent de la chaleur. Il se passe alors un effet Joule. Leur refroidissement devient donc inévitable pour éviter leur dégradation.

Le refroidissement des serveurs est le processus où les datacenters consomment le plus d’eau. En effet, c’est l’utilisation de l’eau et de l’électricité pour la climatisation qui fait bondir les compteurs. Dans son livre Réparer le futur, du numérique à l’écologie, Inès Leonarduzzi expose quelques chiffres : “les 800 datacenters implantés en Californie nécessitent, annuellement, pour fonctionner, la même quantité d’eau que l’équivalent de 158 000 piscines olympiques.” Remise à l’échelle d’un datacenter, “c’est l’équivalent des besoins en eau annuels de trois hôpitaux”. La plupart du temps, cette eau utilisée est traitée et est directement reversée dans les égouts par la suite. Un coût environnemental, humanitaire (lorsque l’on pense au manque d’eau dans certains pays) et financier non négligeable.

Des avancées plus responsables et viables ?

Face à cette problématique, les professionnels réfléchissent à des alternatives. On voit notamment apparaître la méthode de couloir froid. Les serveurs aspirent l’air froid sur leur face avant et le rejettent par l’arrière. Le positionnement des serveurs d’une certaine manière permet alors un refroidissement sans mélange de l’air chaud et froid.

Deuxièmement, la méthode de free-cooling vient utiliser la fraîcheur de sources naturelles pour refroidir les serveurs. En installant des datacenters en altitude ou dans des pays froids, il y a alors la possibilité d’utiliser la fraîcheur de l’air extérieur. 

L’eau fraîche peut aussi être utilisée, notamment en immergeant les serveurs directement à une grande profondeur dans des lacs ou océans. 


Procédé aussi arrivé sur le marché : l’immersion des serveurs dans l’huile. Une méthode efficace dont raffole notamment l’entreprise Alibaba, comme l’explique Inès Leonarduzzi : “l’huile est un liquide non conducteur et non corrosif, qui absorbe jusqu’à 1 500 fois plus de chaleur que l’air.”

En clair

L’implantation et le fonctionnement des datacenters ont un impact environnemental. Le refroidissement nécessaire des serveurs pèse en grande partie dans celui-ci. Pour rappel, les centres informatiques sont responsables de 4 à 15 % des impacts du numérique français.

Cependant, si nous prenons une vision globale, l’impact des centres informatiques dans la pollution numérique est marginal face à celui de nos appareils (fabrication, utilisation, fin de vie). Les équipements des utilisateurs totalisent, eux, 64 à 91 % des impacts. 

Des processus de refroidissement plus innovants et économes sont aussi mis en place. De plus, l’efficience des serveurs informatiques ne fait que s’améliorer. GreenIT.fr en parlait notamment dans cet article début 2020. Certains datacenters deviennent donc de plus en plus responsable. Si vous cherchez un hébergement web plus responsable, j’en ai d’ailleurs fait une liste non exhaustive dans cet article.

A propos de l'auteur

Alizée Colin

Fondatrice & rédactrice

UX/UI designeuse, j’aspire à recentrer le web et ses outils dans un objectif de bien commun, tant bien environnemental que social. Nous sommes dans une ère où nous nous devons de réinventer notre manière de concevoir et de communiquer. Le numérique responsable en fait partie. Changeons les choses.

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